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Louis Amade fait partie, avec Pierre Delanoë et Maurice Vidalin, des quelques auteurs attitrés de Gilbert Bécaud. Bien qu’on l’associe le plus souvent à son interprète fétiche, ses chansons furent chantées par de nombreux autres artistes.

Le miracle de la vie

 

Louis voit le jour le 13 janvier 1915 à Ille-sur-Têt, dans les Pyrénées orientales. La maladie vient malheureusement gâcher le bonheur des parents, Jean Amade et de Marie-Thérèse Battle. En effet, à l’âge d’un mois, le jeune bambin tombe malade. Les médecins ne lui donnent aucun espoir de survie, puis un miracle survient. Les prières de l’infirmière religieuse chargée de s’occuper de l’enfant et les reliques de Bernadette Soubirous qu’elle posa sur son front sont-ils vraiment responsables de la guérison ? Quoi qu’il en soit, le destin a voulu sauver cet enfant qui deviendra plus tard célèbre.

 

Très jeune, Louis Amade démontre des dispositions pour la poésie et pour la nature. En vacances avec sa famille, à Saint-Laurent de Cerdans, où cette dernière possède une ferme de montagne, il passe des heures à contempler la forêt et les montagnes. Cependant, cette jeunesse, qui semble assez normale et heureuse, est marquée par la guerre civile qui sévit en Catalogne, si proche de sa ville natale.

 

 

Des débuts prometteurs

 

Par ailleurs, il effectue ses études à Montpellier, puisqu’il habite cette ville. Il possède des licences de droits et de lettres. Il a aussi étudié en criminologie et en médecine légale et mentale. C’est justement pendant ses études que les premiers écrits de Louis Amade seront publiés. D’abord dans le journal étudiant La Marcelle, et ensuite dans le Coq Catalan, sous le nom de Ramon de Costa. Ce pseudonyme lui permet de ne pas être confondu avec son père, professeur de lettres et conférencier.

 

Ses études terminées, l’auteur devient préfet de l’Hérault, en 1937. Il anime alors diverses émissions de radio où il reçoit les plus grandes vedettes de l’époque. Pendant les années quarante, il changera plusieurs fois de ville, exerçant son métier de préfet pendant de bien longues années encore. C’est ainsi, qu’en 1947, il se retrouve à Paris en tant que chef de cabinet du Secrétaire Général de la Préfecture de Police de Paris.

 

Si du côté professionnel, tout va bien, Paris permettra des rencontres qui feront éclore les chansons de Louis Amade, dont celle avec l’éditeur Raoul Breton. Ainsi le public ne tardera pas à découvrir les chansons de ce brillant poète ; après un déménagement à Versailles (où il sera préfet du cabinet de Seine-et-Oise), Yves Montand enregistre Feu de bois, en 1948.

 

Parmi les premiers interprètes de l’auteur, figurent également Lucienne Delyle (Chante, 1949), Les Compagnons de la chanson (Jean le pêcheur, 1949), Jean Lambert (Vieux bouquet, 1948, Dans le soleil, 1949), André Claveau (Vaisseau d’Orient, 1949) et Patrice et Mario (Si vous connaissiez mon passé, 1949).

 

La consécration

Les années cinquante s’avèrent être celles de la consécration de l’auteur. Jean Bretonnière (J’aurai bien pu, Chanson de Camargue, 1950, La rue Sainte-Adélaïde, 1952) et Georges Guétary (La route bleue de ma jeunesse, 1950, Roman d’amour) enregistrent avec succès des chansons de Louis Amade. Tout comme Tino Rossi (C’était écrit, 1951, Sous la pergola, 1952, Notre-Dame de Pyrénées, 1969, Le village mort), Pierre Malar (Cantarana, 1951), Armand Mestral (Les cavaliers du ciel, 1950, aussi enregistrée par Les Compagnons de la Chanson), Luis Mariano (Le chalet bleu, 1954) et John William (Loup blanc, interprétée aussi par Patrice et Mario), qui chantent les premiers succès de l’auteur. Cependant, la consécration viendra véritablement avec Gilbert Bécaud.

 

Des croix au sable dans les mains

Les deux hommes se rencontrent grâce à Édith Piaf, qui envoie Bécaud au bureau d’Amade, à la préfecture de Versailles. C’est à cette occasion que le poète confie à la future vedette un texte intitulé Les croix. Gilbert Bécaud s’empresse de transformer le poème en chanson, en y composant une musique. En effet, la chanson est terminée en moins de quarante-huit heures. Lorsque le compositeur fait entendre le résultat final à l’auteur, ce dernier le convainc de tenter sa chance en tant qu’interprète. Par ailleurs, Édith Piaf enregistre, tout comme Bécaud, Les croix.

 

Tout au long de la carrière du chanteur, Louis Amade signera de nombreux succès, dont on se plait encore à fredonner les paroles : La ballade des baladins (1955), C’était mon copain (1955), Les marchés de Provence (1957), La marche de Babette (1959), Le rideau rouge (1959), Pilou Pilou hé (1960), L’absent (1960), Sur la plus haute colline (1961), T’es venu de loin (1964), Quand il est mort le poète (1965), L’important c’est la rose (1966), On prend toujours un train pour quelque part (1968), Un peu d’amour et d’amitié (1972),  Il y a des moments si merveilleux (1975),  La corrida, etc. La dernière chanson de l’auteur pour Bécaud s’intitule Du sable dans les mains (1992). Par ailleurs, toujours avec Gilbert Bécaud, Louis Amade signe la cantate L’enfant à l’étoile (1960) et l’Opéra d’Aran (1962), également avec Pierre Delanoë et Jean Emmanuel.

 

De nouveaux interprètes

À la fin des années cinquante, l’auteur signe des chansons pour Lisette Jambel (Pour te quitter, 1955), François Deguelt (Au bord de la mer, 1957, chanson également enregistrée par sa compositrice, Colette Marsard), Jacques Hélian (La petite valse), Line Renaud (Le sang et la musique) et Caterina Valente (C’est pas demain la veille, 1959) . Le succès se poursuivra au début de la décennie suivante avec Charles Dumont et Édith Piaf, en duo (Inconnu excepté de Dieu, 1960) et Charles Dumont, en solo (Frédéric Mistral, 1960, également interprétée par Maria Candido).

 

D’ailleurs, pendant les années yé-yé, l’auteur est interprété par Franck Fernandel (Toi du lundi, 1964) et Guy Mardel (Je veux rentrer à la maison, 1966). Pascal Danel enregistre également quelques chansons de Louis Amade : Pierrot le sait (1966), Le peintre de Montparnasse (1967) et Lorsque je partirai (1968). Il écrit aussi C’est pour la poésie, chanson interprétée par Les Trois Ménestrels. Quant à Christian Denis, dont le nom est malheureusement oublié aujourd’hui, il interprète Si tu viens un jour à Paris (1965) et Jeunesse matin (1966).

 

Parmi les interprètes de cette époque, figurent aussi Richard Anthony (Le grand mealnes, 1967), Alain Barrière (Les matins bleus, 1966), Jean-Loup Chauby (Notre-Dame, 1966), Michel Delpech (Élisabeth de quelque chose, 1969), Ricardo (Toi qui viens mon ami, 1967), Romuald (Passeport pour le soleil) et Mireille Mathieu (Madame maman, 1969, L’homme en velours).

 

Le destin frappe

Pendant les années soixante-dix, il se consacre presque exclusivement à Gilbert Bécaud, lui donnant quelques uns de ses plus grands succès. Ce n’est qu’à la fin de la décennie que s’ajoutent à liste des interprètes de l’auteur Jaïro (Je suis prince de sang, 1979, Le bombat, 1980, Si tu la vois, 1981), Sacha Distel (Le chevalier du bonheur, 1980), Serge Reggiani (La table, 1979, Soliloque pour trois enfants), Linda De Suza (Jeannot) et Rika Zaraï (Et même plus, 1979).

 

Fait exceptionnel pour être souligné, Louis Amade conservera, malgré le succès, son poste de préfet au cabinet de police de Paris. Il a obtenu ce poste en 1955. Parallèlement, à ces activités de poètes et de préfet, il anime des concerts. En 1985, il anime la première de D’un peu d’amour et d’amitié, diffusée sur France Inter, dans l’émission Les choses de la nuit de Jean-Charles Aschero. Il fera ainsi 21 émissions, dont la dernière avec Gilbert Bécaud fut mémorable.

 

Le 4 octobre 1992, l’auteur meurt, sa santé s’étant affaiblie au cours des mois précédents. À sa mémoire, et pour que son oeuvre ne soit pas oublié, l’Association des Amis de Louis Amade fut fondée. Celle-ci organise des concours permettant de révéler de nouveaux talents, mais surtout perpétue la mémoire de ce poète de talent.

 

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~Amade, Louis. - Chef-lieu : la Terre. - Paris : P. Seghers, 1959. - 77 p.


~Amade, Louis. - Cent mille ans d'étoiles. - Paris : Seghers, 1972. - 95 p.


~Amade, Louis. - Les Chevaux blancs de Salamanque. - Paris : Seghers, 1986. - 142 p. - ISBN 2-232-10021-9.


~Amade, Louis. - Le Diable se noie le vendredi : poèmes et chansons. - Pontoise, R. Lachèvre, 1949. - 106 p.


~Amade, Louis. - Déportés : pièce en un acte. - Paris : Pierre Farré, 1946.


~Amade, Louis. - Les Élohim ou la Quatrième dimension. - Paris : Seghers, 1976. - 95 p.


~Amade, Louis. - L'Enfant sur l'épaule. - Paris : Seghers, 1981. - 115 p. - ISBN 2-221-50249-3.


~Amade, Louis. - Et ce sera ta passion de vivre : Amade raconte Bécaud. - [Paris] : Hachette ; RTL, 1982. - 209 p. - ISBN 2-01-009002-0.


~Amade, Louis. - L'Éternité + un jour. - Paris : Seghers, 1966. - 125 p.


~Amade, Louis. - Fontargente : roman. - Paris, J. Ferenczi et fils, 1948. - 247 p.


~Amade, Louis. - Fortunio. - Ouvrage illustré par Joseph Alfonsi ; préface de Gilbert Bécaud. - Paris  : Association des Amis de Louis Amade, 1992.


~Amade, Louis. - Il faut me croire sur parole. - Paris : Julliard, 1973. - 132 p.


~Amade, Louis. - Les Métairies lointaines. - Paris : Seghers, 1969. - 128 p.


~Amade, Louis. - Moi, je passais. - Paris : Seghers, 1984. - 127 p. - ISBN 2-221-04251-4.


~Amade, Louis. - On peut mourir pour un sourire : poèmes et chansons. - Paris : Seghers, 1991. - 157 p. - ISBN 2-232-10393-5.


~Amade, Louis. - Pardonnez-leur : roman. - .Paris, Ferenczi, 1951. - 253 p. Autre édition : Reims : Art du temps, 1991.


~Amade, Louis. - Passez votre chemin : roman. - Paris, Ferenczi, 1951. -  309 p.
Autre édition : 1991


~Amade, Louis. - Le Père Noël des wagons-lits. - Paris, Ferenczi, 1952. - 117 p.


~Amade, Louis. - Prends ton manteau d’étoiles : poèmes inédits. - Paris : Seghers ; Galerie Le Sud ; Association des Amis de Louis Amade, 2000.


~Amade, Louis. - Les quatre saisons : poèmes. - Lutèce : Édition d’Art de Lutèce, 1980.


~Amade, Louis. - Rajuste ta couronne et pars, coquelicot. - Paris : Seghers, 1979. - 105 p.


~Amade, Louis. - La Sagesse de porcelaine. - Paris : Seghers, 1988. - 132 p. - ISBN 2-232-10138-X.


~Amade, Louis. - La Sainte fragilité de l'Arlequin. - Paris : Seghers, 1990. - 121 p. - ISBN 2-232-10318-8.


~Amade, Louis. - Les vieux métiers. - Lutèce : Éditions d’Art de Lutèce, 1983.


~Amade, Louis. - Vous nous chanterez bien quelque chose. - Paris : Julliard, 1976. - 267 p. - ISBN 2-260-00029-0.


~Amade, Louis. - Le zodiaque : poèmes. - [Paris] : Maîtres contemporains, 1979.


~Costa, Ramon de. - L'Escale avant le jour : roman. - Toulouse ; Paris   : Chantal, 1946. - 121 p.


~Costa, Ramon de. - La Ferme aux genêts : roman. - Préface d'Isabelle Sandy. - Toulouse ; Paris : Colmar ; Du Hublot, 1945. - 150 p.


~Costa, Ramon de. - Tempête étoilée. - Grenoble ; Paris : B. Arthaud, 1942. - 140 p.


~Costa, Ramon de. - Vingt ans... bonne vacances. - Toulouse ; Paris : Chantal, 1946.


~Emmanuel, Jacques ; Delanoë, Pierre ; Amade, Louis. - Opéra d'Aran : drame lyrique en 2 actes. - Paris : Salabert, 1972. - 59 p.

 

~Goerrès, Jean-Francis. - Louis Amade, numéro spécial de la revue Ouvertures. - Liège : Jean-Claude Bologne, 1983.


~Izard, Christophe. - Gilbert Bécaud. - Paris : Seghers, 1972. - 180 p. - Collection Poésie et chansons ; no 19. - Choix de textes de Louis Amade, Pierre Delanoë et Maurice Vidalin.


~Sprenghers, Robert. - Ton frère le poète, la rencontre d'un compositeur, Gilbert Bécaud et d'un poète, Louis Amade : essai. - Louvain : A. Rosseels Printing C°, 1968. - 267 p.

 

~Vidalin, Maurice ; Delanoe, Pierre ; Amade, Louis. - Gilbert Bécaud. - Paris : Tchou, 1968. - 192 p.

 

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1955. Leur dernier quart d’heure. - (78 tours 30 cm Pathé Marconi)
Enregistrement radiophonique de l'émission de Pierre Lhoste.



1988. L’immensité de vivre : Louis Amade par Louis Amade. - (CD Louvre 1742584)
L'important c'est la rose - L'immensité de vivre -La chanson de Samarcande -Jusqu'à la fin des temps - Le manteau d'étoiles - Oubliez-moi - La blessure de lumière - Tu es poète mon fils - La météo est bonne - La solitude innombrable - Quand il est mort le poète - Nous sommes tous des orphelins - Adieu à Brassens en forme de priée - Cap Kennedy - Toi qui te crois vaincu - Hymne à la France.



1992. Je me nomme fidélité : 42 poèmes dits par Louis Amade. - (Le livre qui parle L076).