Célèbre auteur d’opérettes et de revues, ainsi que de nombreuses chansons entrées aujourd’hui dans le patrimoine, Albert Willemetz a écrit pour Mistinguett et Maurice Chevalier, pour ne nommer que les plus connus.
La belle époque
L’histoire commence en 1887, le 14 février pour être précis ; ce jour-là vient au monde Albert Willemetz, à Paris. Puisque sa famille appartient à la bourgeoisie parisienne (son père est cadre d‘assurance), le jeune enfant ne manquera de rien. Lorsque vient le temps des études, le jeune homme choisit les lettres, puis ensuite, le droit. Cette dernière discipline lui permettra de devenir fonctionnaire, suite à un concours qu’il remporte.
À la belle époque, il écrit ses premières oeuvres, dont l’opérette Les petites entravées, montée aux Fantaisies. Marié à une peintre, depuis 1911, Albert et sa femme connaissent de dures fin de mois. Le jeune auteur doit donc écrire des articles pour divers journaux, afin de subvenir aux besoins de sa famille (son premier fils naît en 1915). Parallèlement, il publie chez Grasset, sous le pseudonyme de Metzvil, un premier recueil de poèmes (Au pays d’amour, 1914) et collabore avec Sacha Guitry sur ce qui devient sa première revue (Il faut l‘avoir).
Cependant, la carrière de l’auteur explose véritablement, en 1918. Cette année-là, il crée l’opérette Phi-Phi, sur une musique d’Henri Christiné. Mettant en vedette Urban, elle comprend les chansons C’est une gamine charmante et Les petits païns (chantées toutes deux par Urban). Malheureusement, le succès d’Albert Willemetz est assombri par la mort de sa femme, emportée par la tuberculose. Sa douleur ne sera apaisée qu’après son second mariage, en 1921.
Le roi des années folles
Pendant les années vingt, Albert Willemetz crée de nombreuses revues et opérettes (Il faut préciser que parfois, il ne signe que le texte des chansons). Mistinguett fut une importante vedette de ces revues, créant des chansons devenues immortelles : Mon homme (1920, extrait de Paris qui jazz), En douce (1922, extrait de En douce), La java (1922, extrait de En douce), La belote (1924, extrait de Bonjour Paris), Fleur d’amour (1924, extrait de Bonjour Paris), C’est vrai (1933, extrait de Folies bergères). La miss a aussi créé des chansons ne faisaient partie d’aucune revues, dont Mon premier diam (1934).
En 1921, le succès frappe de nouveau l’auteur, qui signe les chansons de l’opérette Dédé. Créée au Théâtre des Bouffes-Parisiens, avec en vedette Maurice Chevalier et Urban, cette oeuvre comprend Dans la vie faut pas s’en faire, énorme succès de Chevalier. D’ailleurs, ce dernier fait partie des interprètes fétiches de l’auteur puisqu’il interprète également plusieurs autres chansons de Willemetz : Là-Haut (1923, extrait de l’opérette Là-haut), Valentine (1925, extrait de la revue Paris qui chante), Quand on revient (1927, extrait de la revue Les ailes de Parie), Quand on est tout seul (1928), Ça m’est égal (1928) et L’amour m’a transformé (1931), entre autres.
Par ailleurs, parmi les autres interprètes de la décennie, figure Dranem, qui chante L’ange gardien (1923, extrait de l’opérette Là-haut), C’est la vie (1923, extrait de l‘opérette Là-haut), Le trou dans la mémoire (1927, extrait de l’opérette Diable à Paris), Comment vous témoigner de ma gratitude (1927, extrait de l’opérette Diable à Paris), pour n’en nommer que quelques unes.
Saint-Granier fait également partie du nombre avec Attends-moi sous l’horloge (1923, extrait de la revue On dit ça), Ah Suzanne (1926, extrait de la revue Paris), Pour vous (1927, extrait de la revue Paris), C’est l’amour (1928, extrait de la revue Tout Paris) etc.
Quant à Urban, il interprète, en 1924, À l’abreuvoir et Quand je sors le petit (extraits de la revue Revue de printemps). Enfin, la décennie se termine avec Jean Gabin, qui joue dans l’opérette Arsène Lupin banquier, dont les paroles des chansons sont co-signées avec Charles-Louis Pothier (1929). Les chansons C’est chouette ça monsieur et Quand on a, chantées par Gabin, en sont extraites. Ce dernier interprète également Ingénement, naïvement, en 1930.
Le parolier
Les années trente voient le parolier prendre le dessus sur le librettiste (auteur du livret d’une opérette). En effet, il signe plusieurs chansons pour des interprètes aussi divers qu’Alibert (Ça vient naturellement, 1930), André Baugé (La maison de Mimi Pinson, 1927, Dis-toi que je t’aime, 1934, La lettre, ces deux dernières extraites de l‘opérette Au temps des merveilles), Marie Dubas (La java du crochet, 1931), Fernandel (Odile, Oh! dis-le, extrait de la revue Folies en folie, 1933, Je n’aime pas qu’on me regarde, 1935, On n’est jamais seul en famille, 1940) et Georges Milton (Ma petite mandoline, 1930, Pour un beau petit homme, 1931, J’aime tant vos yeux, 1932).
Malgré tout, quelques opérettes diversifieront encore plus la liste des interprètes de l’auteur. Ainsi, Bach (Toi, t’es comme ça, 1934, extrait de l‘opérette ), Henri Garat (Tout dans ce monde n’est qu’un jeu, Je l’aime, je l’adore, 1933, extrait de l’opérette Florestan, premier prince de Monaco, En parlant un peu de Paris, 1932, Sur la musique du train, 1938) et Michel Simon (Elle est épatante, Le beau blond, extrait de l‘opérette Bonheur mesdames, 1934) font également partie des interprètes de la décennie.
Après la libération
Albert Willemetz écrit moins à partir de la guerre, puis à la libération, il devient président de la SACEM. Il le sera d’ailleurs jusqu’en 1956. L’auteur s’implique aussi dans d’autres organismes, dont la CISAC. Pendant toutes ces années, il se faisait un point d’honneur de ne pas être avantagé par ses fonctions et d’aider ses collègues moins chanceux (et donc, moins fortunés).
À cette époque, il écrit pour Luis Mariano (Andalousie, 1944, Je veux t’aimer, 1944, La vie en chantant, 1949, Sur le pont de mon voilier, 1949), Marie Bizet (J’y vas t’y, j’y vas t’y pas, 1940, Ah! quel coq on a, 1942), Fernandel (Félicie aussi, 1939, Un deux trois, 1947), Andrex (Samba brésilienne, 1948) et Lucienne Delyle (Souris-moi et dis-moi bonne chance, 1940).
Pendant les années cinquante, Jean Sablon chante La fille qui m’épousera et C’est merveilleux (1950). Parmi ses interprètes d’alors, apparaissent les noms de Patrice et Mario (À Las Vegas, 1957), Bourvil (Elle faisait du strip stease, 1958), Léo Ferré (Notre-Dame de la mouise, 1957) et Mathé Altéry (Te souvient-il ?, en duo avec son père Mario Altéry, 1960), entre autres. Les Frères Jacques font également partie du nombre avec La violoncelliste (1958), Alumett’polka (1959) et La cantatrice (1959).
En 1964, l’auteur meurt d’un anévrisme, laissant derrière lui une centaines d’opérettes et près de deux milles chansons. À propos de la chanson, Albert Willemetz disait : “Bien qu’elle soit fille de la fantaisie, la chanson, petite sœur de la poésie, a des lois. Rien de plus facile à faire qu’une chanson ; rien de plus difficile à réussir.”(Extrait du livre Dans mon rétroviseur) Heureusement, l’auteur a su contrer les difficultés et fait maintenant partie du patrimoine (du moins, ses chansons le font).
Livres :
~Au pays d'amour : poèmes. - B. Grasset, 1914. - 202 p.
~Dans mon rétroviseur. - Table ronde, 1967. - 256 p.
~Maurice Chevalier. - R. Kister, 1954.
~Albert Willemetz, prince des années folles. - Michalon, 1995. - 286 p.
Livret d’opérettes et de comédie musicale :
~Andalousie : livret de l’opérette. - Royalty, 1948. - 176 p.
~Couchette no 3 : comédie musicale en 3 actes d’Alex Madis ; lyrics d’Albert Willemetz. - F. Salabert, 1929. - 113 p.
~Coups de roulis : opérette en 3 actes d'après le roman de Maurice Larrouy. - F. Salabert, 1928. - 119 p.
~Dédé : opérette en 3 actes. - F. Salabert, 1922. - 157 p. - Sorlin ; Actes Sud, 1997. - ISBN 2-7427-1074-4.
~Le Joli joker : conte musical en 3 actes. - Ricordi, 1919. - 153 p.
~Madame : comédie-opérette en 3 actes. - F. Salabert, 1926. - 121 p.
~Willemetz, Albert ; Guitry, Sacha. - Florestan 1er, prince de Monaco : opérette en 3 actes et 6 tableaux. - Salabert, 19??. - 104 p.
~Willemetz, Albert ; Hennequin, Maurice. - Passionnément : comédie musicale en 3 actes. - F. Salabert, 1926. - 101 p.
~Willemetz, Albert ; Marchand, Léopold. - Trois valses : opérette en 3 actes et 11 tableaux d'après MM. Knepler et Robinson. - Royalty, 19??. - 200 p. - Actes Sud, 1995. - 151 p. - ISBN 2-7427-0504-X.
~Willemetz, Albert ; Mirande, Yves. - Là-haut : opérette en 3 actes. - F. Salabert, 1926. - 107 p.
~Willemetz, Albert ; Mirande, Yves. - Ta bouche : opérette en 3 actes. - F. Salabert, 1926. - 101 p.
~Willemetz, Albert ; Mirande, Yves. - Trois jeunes filles nues : opérette en 3 actes. - F. Salabert, 1926. - 115 p.
~Willemetz, Albert ; Mouézy-Éon, André. - Les Cent vierges : opérette en 2 actes et 7 tableaux. - Livret original de Clairville, Chivot et Duru. - Joubert, 1943. - 142 p.
~Willemetz, Albert ; Mouézy-Éon, André. - Nina-Rosa : opérette en 2 actes et 12 tableaux d'après Harbach. - Salabert, 1933. - 147 p.
~Willemetz, Albert ; Mouézy-Éon, André. - Rose de France : opérette à grand spectacle en 2 actes et 14 tableaux. - Chappell, 1934. - 176 p.
~Willemetz, Albert ; Mouézy-Éon, André. - Sidonie Panache : opérette en 2 actes et 16 tableaux. - Paris ; F. Salabert, 1932. - 134 p.
~Willemetz, Albert ; Saint-Granier. - J'adore ça : opérette en 3 actes. - F. Salabert, 1926. - 116 p.
~Willemetz, Albert ; Saint-Granier. - J'aime ! : opérette en 3 actes. - F. Salabert, 1927. - 100 p.
~Willemetz, Albert ; Sollar, Fabien. - Phi-Phi : opérette en 3 actes. - F. Salabert, 1919. - 119 p. - J. Tallandier, 1927
- Persan-Beaumont, 1949.
~Willemetz, Albert ; Veber, Pierre ; Veber, Serge. - Quand on est trois : opérette en 3 actes. - Paris : F. Salabert, 1926. - 113 p.