Célèbre pour ses musiques de films, Francis Lai est sans-contredit un compositeur très polyvalent. En plus des bandes originales de plusieurs grands films, il a à son actif une multitude de grandes chansons qui font partie intégrante de l’histoire de la chanson française.
Le Pichet de Tertre
Francis Lai voit le jour à Nice, le 26 juin 1932. Son père est horticulteur et inculque la passion de la musique à son fils. Le jeune garçon a également pour modèle son cousin, qui est accordéoniste. Ce dernier lui apprend les techniques de cet instrument et Francis commence à le remplacer dans des petits bals. Il adore particulièrement improviser sur son instrument, tout en notant les mélodies ainsi trouver.
Le compositeur en herbe finit par rencontrer Claude Goaty, qui lui fait découvrir Montmartre. Après avoir emménagé au dessus du cabaret Le Pichet du Tertre, il rencontre grâce à son propriétaire, Attilo, le fameux Bernard Dimey. Il sera le premier parolier à créer des chansons avec le compositeur. Caude Goaty enregistre la première chanson du compositeur : Le guilledou.
Un homme et une femme
La collaboration avec Bernard Dimey apportera d’autres interprètes à Francis Lai dont Mouloudji (À dix-sept ans, 1960), Juliette Gréco (Nos chères maisons, 1961, Les petits cartons, 1962) et Colette Renard (La fille du soldat, 1961). En intégrant l’orchestre de Michel Magne, Francis devient accompagnateur d’Édith Piaf et lui compose par la même occasion plusieurs chansons : C’était pas moi, Emporte-moi (1962), Le droit d’aimer (1962), Le petit brouillard (1962) et L’homme de berlin (1963), par exemple. Toujours grâce à cet orchestre, il fait la connaissance de Pierre Barouh, qui deviendra l’un de ses paroliers fétiches. Pour l’heure, ce dernier lui présente le réalisateur Claude Lelouch, qui séduit, propose au compositeur de composer les bandes originales de ses films. Le succès commun viendra en 1966, grâce à Un homme et une femme. La célèbre chanson tirée de ce film, avec ses chabadabada, n’est plus à présenter. Portant le même titre que le film, elle est interprété en duo par Nicole Croisille et Pierre Barouh.
Il est à noter que ces deux interprètes marqueront de façon indélébile le parcours de l’artiste. Pierre Barouh, en plus de signer de nombreuses chansons pour d’autres interprètes, chante L’amour à l’amour (1963), Tes 18 ans (1963), La chanson du port (1964), Lorsque j’étais phoque (1965) et Mourir au jour le jour (1965). Quant à Nicole Croisille, elle interprète brillament Le coeur égratiné, Il y avait, L’amour sur ton visage, Les uns et les autres, Un deuxième amour, Vivre pour vivre et une multitude d’autres chansons, qui sont souvent extraits de films.
La bicyclette
Bien sûr d’autres interprètes marqueront le début des années soixante, comme par exemple Régine (Qu’est-ce que vous voulez que j’en fasse, 1965), Jean Sablon (Jamais plus bel été, 1962), Nana Mouskouri (Parce que l’amour c’est ça, 1965, Serons-nous spectateur, 1985) et Gigliola Cinqueti (Les yeux baisés, 1965). Ces derniers ne doivent pas être négligés, bien que leur collaboration avec le compositeur fut de plus courte durée, voire ponctuelle.
Au milieu de la décennie, Francis Lai est un compositeur reconnu par le milieu. Ses musiques de films connaissent le succès, tout comme ses chansons. Parmi ses nombreux interprètes, il faut citer encore Théo Sarapo (Les mains, 1962, On se croit libre, 1964, Dans la nuit, 1969), Valérie Lagrange (Encore un jour de notre amour, 1965, Je me demande pourquoi, 1965, Je suis la femme, 1965) et Noëlle Cordier (J’avais seize ans, Les oiseaux, 1965). À partir de 1966, sa rencontre avec Jacqueline Dulac donne de magnifiques perles comme Lorsqu’on est heureux (1966), Venise sous la neige (1967), On pleure le matin (1967) ou Si le monde est fou (1967).
En 1968, avec la collaboration de Pierre Barouh, il signe la musique de La bicyclette. Cette chanson, inspirée par une commande pour une publicité, aboutit dans le répertoire d’Yves Montand, qui en fait un incontournable de la chanson. L’interprète enregistre également Mais si je n’ai rien et Pluie. La même année, la chanson thème du film Le passager de la pluie (qui porte le même titre que le film), connaît un énorme succès. Cette chanson qu’interprète Séverine (celle-ci chantera également Du soleil plein les yeux, en 1970), sera reprise par son créateur lui-même. En effet, en plus de ses talents de compositeur, Francis enregistre au cours de sa carrière quelques disques où il interprète ses chansons. Son premier album voit le jour en 1972.
Une histoire d’amour
À la fin des années soixante, le compositeur participe au Brigitte Bardot show. En plus d’en signer les thèmes musicaux, il donne à l’actrice-chanteuse quelques chansons dont Saint-Tropez (1967), Port-Grimaud (1967) et Paris. À la même époque, David-Alexandre Winter (Où vont les rêves après l’été, 1969), Zizi Jeanmaire (Je me champélyse, 1968), Lucky Blondo (Pense à moi, 1969) et Marie Laforêt (Je voudrais tant que tu comprennes, 1966, Requiem pour trois mariages, 1968) s’ajoutent à la liste déjà longue des interprètes du compositeur.
Les années soixante-dix débutent par le méga succès du film Love Story dont la chanson thème, Une histoire d’amour, est interprétée par Mireille Mathieu. Tout au long de sa carrière, cette dernière ajoute à son répertoire d’autres chansons du compositeur dont C’est ton nom (1966), C’est à Mayerling (1969), À quoi tu penses, dis (1972), Au nord du nord (1972), Comme deux trains dans la nuit (1972) et Je t’aime avec ma peau (1978). Une histoire d’amour sera également interprétée par Georges Guétary et Colette Deréal, parmi plusieurs autres. En 1970, Pétula Clark obtient un grand succès avec Il faut trouver le temps d’aimer. L’interprète enregistre, en 1971, Le petit matin et, en 1972, C’est toujours l’heure de l’amour et Une rose qui pleure.
Suite à ses nombreux succès, les interprètes de Francis Lai se multiplient et se diversifient de plus en plus pendant cette décennie. Il compose alors pour des artistes aussi divers que Cora Vaucaire (Je n’irai pas à Saint-Tropez, 1969, Ce sera pour demain, 1970), Dalida (Pour qui pour quoi, 1970), Dani (Lady Lune, 1970), Jean-Claude Pascal (Ce jour-là, 1974), Jean-Roger Caussimon (Le funambule, 1971), Nicoletta (Autant mourir au soleil, 1973, Les nuits sont trop courtes), Pierre Louki (De ce mois de mai, 1971, La rivière en chomage, 1982) ou Seda Aznavour (Pour moi toute seule, 1973).
En 1974, avec le Royal Philharmonic Orchestra de Londres, il donne un concert avec un accordéon électronique. Le compositeur est un pionnier dans la recherche de nouvelles sonorités. Son expérimentation avait commencé dès ses débuts, alors qu’il plaçait des micros dans son accordéon afin d’en tirer des sons différents.
Cinéma, chansons et succès
Si la carrière chanson va bien pour Francis, il ne délaisse pas pour autant le cinéma. Il continue en enfin de composer des musiques de films, dont les plus célèbres seront (outre ceux déjà cités) Vivre pour vivre (1967), Bilitis (1977) et Les uns et les autres (1981), parmi plus d’une centaine. En 1976, la chanson Femme parmi les femmes, est interprétée par Betty Mars, mais aussi par Françoise Hardy. Il faut mentionner, que souvent, les bandes originales du compositeur donne naissance à des chansons. Par exemple, toujours en 1976, Jacques Dutronc interprète Ballade des bons et des méchants, tirée du film du même nom.
À l’aube des années quatre-vingt, la québécoise Fabienne Thibault ajoute à son répertoire naissant À nous deux (1979), Comme des enfants (1983) et Femme de l’univers (1983). En 1983, Charles Aznavour signe les paroles d’une chanson qu’il interprète avec Mama Béa. Il s’agit de Je n’attendais que toi. Mama Béa interprète la même année Avant toi et Je n’attendais que toi. Parmi les autres interprètes de la décennie, il faut également citer Anna Prucnal (Élisabeth, 1984, C’était à Bablesberg, 1993, Quand on quitte Paris), Jean Guidoni (Qui me dira, 1988), Jeane Manson (Hymne à la vie, 1987, Alaska), Serge Reggiani (Les objets perdus, 1982) et Maurane (Mes enfants de toi, 1987).
Toujours en activité aujourd’hui, Francis Lai poursuit sa carrière avec toujours le même succès. En 2004, la SACEM lui décerne son Grand Prix de la musique de film. Cette récompense vient couronné plus de 40 ans d’une carrière bien remplie. Un coffret de 14 disques compacts, disponible par correspondance, a également vu le jour, retraçant tous les aspects de la carrière de l’artiste.
Cette discographie ne comprend que les disques où Francis Lai interprète ses chansons. Il existe également plusieurs compilations de musique instrumentale et des bandes originales de films.
196?. (45 tours Marque MA17201)
Piano-bar - Soleil d’hiver - Ma chanson pour toi - Chanson tendre.
1972. (33 tours Sonopresse 0013)
Le voyou - Je sais bien qu’il parlait de toi - Ma vie et moi - Mon voyageur de lune - Il faut trouver le temps d’aimer - C’était en décembre - London Airport - La fille aux yeux verts - Le passager de la pluie - Le jardin triste - Golgotha.
1975. (45 tours Sonopresse TT025)
Même si je t’aime - Ma jeunesse s’en va.
1980. (Paris New-York 33 tours Warner 56788)
Prélude - Central Park - Vu de là-haut - Je t’aimais bien - Loin de Paris - Les stars - New-York - Gentille fille très belle du métro - 2050 - Quand mon avion s’envolera - Final.
19??. (45 tours Saravah SH40012)
Tu verras - Fille du soleil.
19??. (45 tours Polydor 2056297)
Sur notre étoile - La rose bleue.